Noyade

Noyade, tout comme les autres œuvres de la série « Autofictions » à laquelle elle est rattachée, a été réalisée à partir d’images appropriées sur Internet. Qu’elles soient des reproductions d’œuvres d’art, des images de presse ou de film, l’artiste les a choisies pour leur potentiel affectif, leur capacité à créer un impact, telle la scène de noyade. Par le truchement de manipulations numériques et matérielles (dessins en plusieurs couches, recadrage, décomposition des couleurs, agrandissement, et impression), l’artiste a transformé les images et dessiné son visage en lieu et place de celui des protagonistes initiaux. Ce faisant, il vient inscrire sa présence dans des scènes historiques ou fictives qu’il n’a pas vécues. Non seulement l’artiste s’approprie des images dont il n’est pas l’auteur, mais il vient usurper des morceaux d’existence avec lesquels il se réinvente. L’ensemble de la série le montre dans des situations inusitées et dépareillées, évacuant la possibilité de reconstituer un récit de vie cohérent et un portrait constant de la personne. De même, d’une image à l’autre, le style varie en fonction des auteurs et des époques, disparité que l’artiste a soulignée en donnant des dimensions et des supports différents pour tous les éléments de la série. Partisan du « recyclage culturel » et de la reproductibilité technique, Corriveau tient néanmoins au caractère unique de l’image, qu’il tire d’ailleurs ici à un seul exemplaire. La technique employée par l’artiste rend manifeste le travail de sa main, embrouille même un peu la scène qui est représentée, accentuant ainsi l’intensité de la noyade, la disparition littérale de la figure dans la matière colorée.