Dix-huit coins d’atelier

Serge Tousignant est une des figures importantes de l’art conceptuel des années 1970 au Québec et au Canada. L’œuvre Dix-huit coins d’atelier fait partie des séries les plus connues de l’artiste et répond à plusieurs caractéristiques emblématiques de l’art conceptuel.

La réalisation de l’œuvre repose sur un protocole de réalisation que l’artiste s’est donné et qu’il a répété en apportant des variantes. Le titre explicite le sujet en révélant ainsi au spectateur le processus et les composantes de l’œuvre, ses dix-huit coins d’atelier rendus aussi clairement par la structure en grille. De la sorte, l’artiste distancie sa subjectivité au profit d’une structure réglée d’avance qui rappelle à certains égards une fabrication mécanique, impersonnelle et reproductible. Après tout, comme l’a écrit l’artiste américain Sol Lewitt, pionnier de l’art conceptuel, « l’idée est une machine à faire de l’art ». Ce lieu ausculté qu’est l’atelier ajoute une référence au travail de l’artiste qui, dans l’art conceptuel, prend un autre visage, puisque le savoir-faire et la matière sont relégués au second plan. Par ses cadrages photographiques, l’artiste a révélé, dans ces endroits anodins que sont les coins, des jeux d’ombre et de lumière qu’il a parfois ponctués par des retouches colorées sur les détails d’architecture. Malgré l’approche minimaliste et dématérialisée, l’œuvre met l’accent sur les pouvoirs structurant et ludique de la ligne.