Vanité

Julie Dallaire et Edith Normandeau proposent un travail en duo. À travers une série de 18 photos divisées en 2 séquences monochromes (jaune et rouge), elles nous proposent une petite histoire à l’intérieur de laquelle chacune joue un rôle : ici, deux femmes se battent pour un poisson. Les artistes prennent la vedette. Combat fictif, intrigue des plus légères, décor grotesque, costume caricatural, visage haineux. Que penser de cet espace scénarisé ? Ces images sont un clin d’œil à plusieurs domaines. Le crâne est un rappel des vanités en histoire de l’art : une variété de natures mortes évoquant la fin inéluctable de l’homme au moyen d’un symbole. Une certaine ressemblance avec des images publicitaires par le côté léché et éclatant des photos qui attirent l’attention ainsi que par l’utilisation de l’image de la femme. D’ailleurs, ne s’approprient-elles pas certains stéréotypes de la femme : femme fatale, femme débauchée, femme mannequin ? Pouvons-nous y voir des références littéraires (après tout, on nous raconte une histoire) : du vaudeville dans cette comédie légère, de l’absurde dans ce combat pour un banal poisson, de la bande dessinée dans cette série de photos qui se lisent justement comme une bédé ? On détourne des sens, on fait une mise en scène, du théâtre, de la théâtralité, du pastiche. Met-on en question l’authenticité de l’artiste et de son œuvre ou doit-on simplement s’amuser comme semblent si bien le faire ces deux artistes ? «On n’est pas tellement sérieuses, mais on essaie.